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L’Analyse de la Pratique, un outil de responsabilisation des professionnels !



Mes premières interventions en Analyse de la Pratique remontent à 1996, ce qui fera bientôt 20 ans d’expérience dans ce domaine qui est parfois encore mal utilisé, mal compris, voire en recul dans certaines institutions. Mon propos va être de vous faire partager ce type d’intervention. Auparavant, je vais vous présenter le cadre que nous pratiquons au sein d’Hélice DCF.

La fréquence est une séance de 3 heures par mois, sauf pendant la période estivale. La régularité déclenche un processus de réflexion et de mise en application qui vont s’inscrire dans la durée y compris après la fin de l’intervention. Dans les séquences de travail, j’ai mis en place depuis quelques années une méthode que je nomme E.A.S.I.

Cette méthode vise à soutenir les professionnels de l’accompagnement dans le processus de la relation avec les résidents, les usagers de l’institution et non pas sur le contenu de celle-ci. L’espace de l’Analyse de la Pratique va donner la possibilité de prendre du recul face aux situations les plus complexes, notamment pour nuancer les différents aspects de l’accompagnement construit sur le socle personnel identitaire du professionnel qui travaille avec qui il est.

Nous sommes notre propre outil et de ce fait nous devons nous interroger constamment sur notre posture pour être le plus en conscience possible de notre impact et de ce qui va « choquer » nos valeurs, la limite entre le personnel et le professionnel étant très mince.



Avant de vous parler plus en détail de E.A.S.I, je vais vous présenter les trois types de compétences que nous venons solliciter chez les personnes que nous accompagnons :



  • La compétence Réflexive : C’est notre capacité à réfléchir in situ. Elle s’acquiert avec un diplôme, une formation. Il est toujours possible de la travailler par le biais de la formation continue. Ce sont des acquis en général mesurables. Nous pouvons considérer que c’est « la boîte à outils » du professionnel mais ce qui la rend complexe, c’est de pouvoir utiliser ces "outils" en relation : Il sait ce qu’il faut faire, comprend, analyse mais ne peut le mettre au service de la relation. Il ne suffit pas d’avoir des modèles pour les mettre en œuvre ! C’est l’intégration de la pensée au service de la posture, autrement dit c’est la théorie au service de la pratique.

  • La compétence Interactive : C’est le lieu de la rencontre où nous essayons de capter ce qui se joue dans l’ici et maintenant et de rendre l’expérience assimilable à l’autre. Nous la travaillons tout au long de notre carrière. Un professionnel en fin de carrière a plus de mots pour décrire une situation et de finesse dans la façon de la traiter et d’en saisir la complexité. C’est ce que l’on appelle « l’expérience » et notamment dans notre capacité à nous représenter ce que vit notre interlocuteur.

  • La compétence Somato-affective : C’est l’espace où nous sommes sensible à qui est l’autre, affecté sans être débordé, c’est le « savoir-être » ! La particularité de cette compétence, c’est que malgré notre savoir-faire qui pose une expertise, celle-ci doit être remise sur le métier comme un artisan, au quotidien, face à chaque situation. Les neurosciences affectives permettent de porter un éclairage sur la "contagion émotionnelle" inhérente à toute relation.



Pendant longtemps, il a été demandé à l’accompagnant d’être centré sur celui qu’il doit accompagner, soigner, éduquer, ... Aujourd’hui il y a un changement de paradigme, l’accompagnant va d’abord devoir être centré sur lui et les affects qu’il vit et qui s’activent au contact de l’autre. Ce n’est pas habituel comme posture, l’éclairage des neurosciences affectives vient pourtant nous dire que nous devons déjà nous réguler avant de réguler l’autre dans ses difficultés. Cela demande une exigence permanente dans notre capacité à nous autoréguler.

E.A.S.I est un levier afin d’apprendre progressivement cette posture. Ce levier n’est pas une fin en soi mais il va réduire les phénomènes de contagion émotionnelle qui se produisent dans la relation, si peu que l’implication soit au rdv de la part du professionnel !



  • Environnement : Le contexte de la situation, l’historique, le type de lien établi, le cadre de fonctionnement. Anamnèse : Les faits

  • Analyse: La compréhension des enjeux et le diagnostic porté sur la situation exposée par la personne. Je pense...

  • Stratégie : Les stratégies d’interventions décidées pour répondre aux enjeux et leurs déclinaisons déjà en place ou à envisager. J’imagine...

  • Interne : Comprendre l’implicite en identifiant les enjeux relationnels : la dimension émotionnelle et les zones de vulnérabilité. Je sens...



Il va être important de déchiffrer les situations apportées en suivant ce canevas qui va inciter à une discipline groupale dans les échanges pour passer du contenu au processus :

E donne la possibilité de poser les faits (le contenu). C’est le lieu de la contagion émotionnelle car nous pouvons être plus centré sur les actes que sur le non-verbal de la communication ou inversement.

A quant à lui, permet une première distanciation face aux événements en essayant d’amener une analyse et une compréhension.

S va ensuite mettre en lumière l’intention de l’accompagnant, son projet pour l’autre et sa part de projection nécessaire à toute rencontre.

I pour finir, sûrement le plus difficile, est de partager ses sensations face à la complexité de la relation. C’est cette phase qui va mettre à jour les enjeux relationnels et permettre de comprendre les points de blocage.



En grande majorité, les équipes que nous accompagnons entrent assez facilement dans ce modèle. Seules quelques équipes résistent et pour certaines cela s’est avéré être dû à un problème de conflits larvés à l’intérieur même de l’équipe. Lorsqu’une telle situation est révélée, je préconise d’engager une régulation d’équipe.

Nous utilisons la méthode EASI auprès des équipes de travailleurs sociaux et de soignants, mais aussi auprès des managers en institution, en entreprise comme méthode de co- développement, ou encore dans des groupes de supervisions pour coaches, thérapeutes, psychologues et psychiatres.

Par Cyrille Bertrand, article publié prochainement dans la revue « l’écho » de la Fn3s

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