La posture de dirigeant sous le prisme de l’aïkido
J’accompagne des personnes en difficultés - quel que soit ce niveau de difficultés et le domaine dans lequel se produisent ces difficultés – ou encore de personnes dans un processus de changement professionnel subi ou choisi avec une remise en cause élevée, liée à ce changement.
Je suis thérapeute depuis 1996 et formateur-consultant-coach depuis 1998. J’ai démarré la pratique de l’aïkido en 1998. Je peux d’autant mieux constater et vérifier l’impact de cette discipline sur ma posture professionnelle que j’ai arrêté de la pratiquer pendant 5 ans, de 2010 à 2014 !
Je vais probablement enfoncer des « portes ouvertes » pour certains d’entre vous en évoquant la posture professionnelle sous le prisme de l’aïkido mais il me semble important de revenir sur ces évidences !
La première est d’être centré sur soi pour mieux être centré sur l’autre, la deuxième d’avoir conscience de l‘impact que l’autre a sur soi et la dernière consiste à développer un « ego humble » pour apprécier la complexité de la relation. Je vais donc revenir sur ces trois aspects de la posture et les mettre en lien à la fois avec ma pratique professionnelle et ma pratique d’aïkidoka :
Trouver son centre : Simple à dire, plus exigeant à réaliser ! Nous sommes aujourd’hui dans un changement de paradigme dans l’accompagnement au vu de l’éclairage des neurosciences affectives. L’accompagnement sous toutes ses formes devient une question de « régulation affective » et cela implique nécessairement une auto-régulation pour développer une meilleure empathie envers l’autre. Se centrer sur sa respiration, chercher l’instant de la rencontre, être présent à son mouvement interne, savoir se taire pour écouter sont des dynamiques qui sont développées en aïkido au-delà des techniques martiales.
L’impact de l’autre sur soi : l’aïkido rend visible la partie invisible de la relation, c’est-à-dire l’impact que l’autre a sur soi. La discipline liée à cette pratique de l’impact va permettre de développer une awareness (conscience de soi et de l’environnement) plus sensible, qui sera au service de la posture et du cycle du contact chers aux Gestaltistes. La question de la régulation viendra naturellement au premier plan. Celle-ci peut être soigneusement évitée pour ne pas ressentir les désagréments occasionnés sur ses propres sensations. Nous retrouverons cette dynamique de l’impact dans l’accompagnement quel qu’il soit. Le professionnel pourra être impacté émotionnellement et/ou dans ses valeurs et nous pouvons vaciller sur notre propre socle identitaire empreint de certitudes.
Développer un « ego humble » : l’ego est souvent mal vu car coloré péjorativement ou mal venu, et pourtant il est nécessaire pour manifester sa présence dans la rencontre, le contact, la relation et parfois le lien qui se crée ! Pour réguler cet ego, il va falloir développer une présence physique et psychique avec une humilité dans la rencontre, oser aller dans ses zones d’inconfort afin de ne pas réduire l’autre à un premier jugement et à une première appréhension. Ceci afin de découvrir l’autre dans sa complexité, tout en faisant place à la sienne. Dans les principes de l’aïkido, sur un tatami, nous pratiquons ensemble quel que soit le grade, le sexe, la nature sociale, l’âge, etc... Nous sommes invités à découvrir l’autre en limitant les projections et nos perceptions vont se focaliser sur la rencontre.
Aujourd’hui, ce que je retiens au travers de l’enseignement de l’aïkido de feu Maître Tamura et ma pratique régulière avec Christian Gayetti mon professeur, c’est de pratiquer avec discipline afin d’être en recherche pour trouver l’équilibre en moi et d’avoir « un cœur droit ! »
Ce « cœur droit ! », citation de Maitre Tamura que je trouve magnifique, qui donne le sens au travail pour acquérir cette posture que j’essaie de transmettre aux professionnels de l’accompagnement…
Par ailleurs, je continue de créer des exercices inspirés de la pratique de l’aïkido dans l’accompagnement des dirigeants et de leur équipe afin qu’ils contactent et trouvent leur « ego humble », centré sur leur impact, leur capacité à décider dans un monde aujourd’hui appelé VUCA (Volatility, Uncertainty, Complexity, Ambiguity). Ils seront probablement les leaders de demain, il est important d’initier aujourd’hui ce mouvement !
Et je l’ai plus récemment intégré dans une formation intitulée « Transformer sa peur en puissance » ou dépasser sa honte de réussir.
Par Cyrille Bertrand